Lauréats de la 7ème promotion d’IMPOWER

 

 

Ci-dessous les photos des 29 lauréats de la 7ème promotion d’IMPOWER qui ont démarré ce programme phare de YES Akademia en novembre 2017. Vous trouverez plus d’information sur leurs parcours ici.

Abdoulkadri Alice Ayafine Binolda Camille Clémentine Ena François Dukenson Gautier Justine Laura Louise Marie Marilou Memet Mildred Mourad Myriam Nicolas Nihel Nour Prudence Riad Sarah Sébastien Sophie Victor Yanis Yohann

Ena Sarah Marilou Laura

Riad Mourad Abdou Camille Louise Sophie Alice Justine 2 Victor Ayafine Nihel Clémentine Yanis NourGautier Marie Dukenson Yohann Sebastien Prudence Nicolas Myriam Memet

Récit de Nour Zorai, 7ème promotion IMPOWER

Nour Zorai, lauréate de la 7ème promotion d’IMPOWER de YES Akademia, a récemment participé à un concours d’écriture sous le thème: « Suite à une rencontre, vous éprouvez l’envie irréfrénable d’écrire cette lettre ».nour

Elle a décidé d’écrire le texte suivant sur une rencontre avec un sans abris lors d’une maraude avec YES Akademia et l’association Plus qu’une soupe le 29 janvier 2017.

« Je me souviens encore de notre rencontre. Un soir, alors que je dévalais les rues de Paris avec des amis, je suis tombée nez-à-nez devant vous. C’était une soirée fraîche, entre Noël et le Nouvel An. Votre regard vague d’un bleu vitreux a tout de suite retenu mon attention. Je me suis alors dirigée vers vous, sans trop de raison. Je voulais juste en savoir plus sur vous. Votre accent laissait entendre que vous étiez étranger. C’est au bout de quelques formalités échangées que vous vous êtes mis à narrer votre histoire. Je n’en ai pas perdu une goutte.

Vous m’avez décrit votre passé en seulement quelques mots : « C’était dur. » Votre regard, lui, en disait plus long. On y percevait la tristesse, la colère, peut-être même le regret. Je ne sais pas si vous n’avez osé en dire plus à cause de votre difficulté à vous exprimer en français, ou juste par peur de vous perdre dans des souvenirs trop douloureux. Puis vous m’avez parlé de vos efforts pour vous en sortir ici. Malheureusement, la chance ne vous a pas souri. Vous m’aviez même montré vos mains égratignées de toutes parts pour en témoigner, répétant que le peu que vous possédiez sur vous, vous l’aviez gagné en travaillant dur, et non en volant. Comme si vous aviez à vous justifier.

Enfin, vous m’avez permis de voir ce qu’il y avait de plus cher à vos yeux. Votre boîte de Pandore à vous, l’étincelle d’espoir qui persistait, entremêlée à vos tourments. Une photo de vos enfants. Deux sœurs jumelles et un garçon. Leurs cheveux châtain clair, leurs yeux bleus, étaient semblables aux vôtres. Ils étaient beaux et avaient l’air heureux. Cette photo suffisait à faire comprendre la fierté qui transparaissait sur votre visage. Votre bataille leur était dédiée. Je m’imaginais déjà vous voir les rejoindre après toutes ces années, reprenant une vie paisible comme si ces dernières années n’avaient été qu’un sombre cauchemar. J’étais tellement absorbée par cette idée que je mis du temps à voir les larmes perler sur votre visage, jusqu’à se réfugier dans votre barbe.

Il y a tant de chose que j’aurais voulu vous dire, tous les mots se bousculaient dans ma tête. Mais en même temps, qui étais-je pour prétendre comprendre, ne serait-ce qu’un dixième, ce que vous viviez ? Qu’est-ce que j’aurais pu dire, ou faire, qui aurait allégé votre peine ? Vous promettre que vous les reverriez ? Vous payer un billet pour rejoindre votre famille, et vous donner assez d’argent pour avoir une situation ? Je n’en avais les moyens. Et pourtant ce sont les seules choses qui me venaient à l’esprit. Sur le chemin du retour, silencieuse, assise sur la banquette arrière de la voiture, je me sentais ridicule. Impuissante. Moi qui était pourtant si fière d’accomplir ma bonne action. Une fois que vous auriez fini votre barquette de pâtes, qu’alliez vous faire ? Vous seriez retourné sur votre lit de fortune, le froid vous rongeant jusqu’aux os et auriez pour seule pensée « qu’en sera-t-il de demain ? ». Quant à moi, je serais retournée chez moi, au chaud, j’aurais repris mon quotidien comme si notre rencontre n’avait jamais eu lieu, oubliant jusqu’aux doux visages de vos enfants.

Mais ce n’est pas ce qui est arrivé. J’y ai repensé tous les jours jusqu’à aujourd’hui. Je me suis repassé cette soirée en boucle. Vos larmes qui ont coulé sur vos joues ce jour-là n’étaient pas seulement des larmes de tristesse, non, elles étaient mélangées à de la reconnaissance. Du soulagement. Mes amis et moi vous avions permis, l’espace d’une soirée, de vous exprimer librement. De raconter votre histoire et de vous sentir soutenu, sans aucun jugement. Vous qui vous sentez si incompris dans ce pays vous étant étranger. Je n’oserais pas dire que nous vous avons aidé, mais j’espère au moins vous avoir donné un peu de force pour continuer à vous battre.

Aujourd’hui, j’aimerais vous dire ce que je n’ai pu vous dire ce soir-là. Peut-être à cause des larmes que je retenais, ou encore de peur de laisser paraître ma maladresse. Vous êtes un héros. Vous avez fait un sacrifice que peu d’hommes auraient eu le courage de faire. Vos enfants sont sûrement fiers de vous, et ils vous attendent. La détermination, l’amour et la bienveillance que j’ai pu lire dans vos yeux sont des sentiments qui se font rares. Gardez-les, ne perdez pas espoir. Et cultivez-les, jusqu’à en faire envier les plus avares. Les passants qui ne vous accordent pas même un regard, qui se convainquent de ne pas vous avoir vu pour garder bonne conscience, ceux qui vous insultent de voleur, de profiteur, sachez qu’ils ne connaissent probablement pas grand chose à la vie. Encore moins à celle que vous avez vécue.

Sachez que je vous ai vu, et que je ne compte pas vous oublier.
Vous avez appris ce qu’aucun diplôme ne permet d’avoir, ce qu’aucune somme ne permet d’acheter. Vous vous êtes confronté à l’école de la vie. Vous êtes en pleine épreuve et j’espère vous voir vous en sortir avec les félicitations, et pourquoi pas une bourse à la clef.
Je ne sais pas si cette lettre vous parviendra un jour, vous qui n’avez même pas d’adresse. Ou encore si vous la comprendrez, puisque nous ne partageons pas la même langue. Mais je tenais à libérer ces quelques mots étouffés au fond de mon coeur, dans cette langue universelle qui, elle, a su vous comprendre cette soirée-là…»

 

Biographie de Nour

« Je m’appelle Nour, j’ai 19 ans. J’ai toujours été très curieuse et créative, avec de l’énergie à revendre. J’ai testé plusieurs sports (escalade, badminton, pingpong volley, hand, rugby,..) en AS ou en club. Je lis beaucoup, j’aime écrire, faire des montages vidéos, etc. Pour faire simple, dès que j’ai du temps libre je m’ajoute une nouvelle activité pour en apprendre d’avantage. YAKA est une nouvelle activité vers quoi je souhaite me recentrer. J’ai connu des moments difficiles, comme toutes personnes, et m’ouvrir au monde m’a permis de passer au dessus. Ce que propose YAKA est un rêve qui devient réalité.
Une personne m’a dit un jour qu’on pense souvent qu’en allant dans ces pays « moins avancés » c’est nous qui allons leur apporter des choses. On se trompe. Nous leur apportons du matériel tandis qu’ils nous apprennent la vie. J’aimerais apprendre la vie. »

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