Entretien de Marilou David par étudiante de Sciences Po

Entretien par Sacha Besson, étudiante de Sciences Po, de Marilou David, lauréate de YES Akademia du programme IMPOWER, de la 7ème promotion, décembre 2018
  1. Pourrais-tu dire quelques mots à ton sujet ? D’où tu viens, ton expérience académique, ta personnalité… ?
J’ai 21 ans, j’ai fait un bac ES et j’ai toujours été bonne élève alors je suis allée en classe préparatoire littéraire pendant 2 ans, où j’ai découvert la géographie. J’ai donc fait mon équivalence en L3 de géographie à la Sorbonne puis j’ai commencé cette année un master d’urbanisme mais ça ne me plaisait pas donc j’ai arrêté pour faire un service civique à Yaka.
Bien que discrète et timide, je suis réfléchie et autonome. Le fait que mon père m’ait virée de chez moi il y a deux ans fait que je suis très débrouillarde, puisque je dois gérer toute ma vie toute seule. J’ai tendance à déprimer très facilement d’habitude mais depuis le Sénégal c’est beaucoup moins le cas. J’adore discuter de sujets assez sérieux, lire, réfléchir. Mes sujets favoris sont le féminisme et l’écologie, et plus généralement la politique. J’aimerais continuer mes études en science politiques l’année prochaine, éventuellement à science po.
  1. Schwartz a développé une « théorie des valeurs ». Les 10 qu’il met en avant sont : auto-détermination (pensée indépendante, création, exploration), stimulation (besoin d’excitation, nouveauté, challenge), hédonisme (plaisir ou gratification sensorielle), accomplissement (succès personnel, démonstration de ses compétences), pouvoir (prestige, contrôle ou domination), sécurité (stabilité, sûreté, harmonie), conformité (veille au respect des attentes et normes sociales), tradition (respect et obéissance aux traditions culturelles ou religieuses), bienveillance (volonté de préserver ou améliorer le bien-être de ses proches), universalisme (bienveillance dirigée vers tous les gens et la nature). Lesquelles te parlent le plus, te définissent le mieux ? Aurais-tu envie de commenter ?
Je tiens beaucoup à mon indépendance et à ma liberté, ce qui est assez lié au fait que j’ai dû apprendre à m’occuper de moi relativement tôt, je mettrais donc en premier “auto-détermination”. Ensuite, je mettrais bienveillance et universalisme, qui vont ensemble d’après moi, car je suis très attentionnée avec mes proches et je suis très sensible aux injustices sociales etc. J’ai aussi beaucoup besoin de stimulation, car je ne supporte pas de faire quelque chose de routinier ou qui n’a pas de sens pour moi. Je dirais que “stimulation” et “accomplissement personnel” vont de pair pour moi. Les valeurs auxquelles j’adhère le moins est celle de la tradition ou du pouvoir.
Cette théorie me semble cependant très influencée par l’idéologie dominante individualiste. Je ne vois pas trop en quoi “stimulation” est une valeur et je ne suis pas tout à fait d’accord avec la définition qu’il donne de l’universalisme mais je pense que globalement ces idéaux sont partagés par presque tous les occidentaux.
  1. Pourquoi voulais-tu t’engager dans une association ? tu parles d’un « sens des valeurs et de la justice » dans ton récit. Veux-tu développer ?
Je voulais m’engager dans la vie associative parce que je pense depuis petite qu’il y a énormément de choses à changer dans le monde, à commencer les injustices sociales, et que je ne me voyais pas vivre ma vie sans essayer de changer tout cela. Je pense sincèrement que si je ne consacre pas ma vie à essayer de faire bouger les choses, je serai très malheureuse. C’est le seul sens que je trouve à ma vie et à mon travail.
Je ne sais pas comment l’expliquer, mais je ressens que je ne peux pas rester impassible face aux différents événements injustes dont j’entends parler, je me sens touchée très facilement, comme si je prenais tout cela personnellement. Quand il y a une injustice, comme par exemple des manifestant.e.s qui se font tabasser par la police, je ressens une très grande colère et j’ai presque l’impression que c’était moi sous les matraques.
  1. Tu dis que YAKA t’a semblé accessible. Qu’est-ce qui te freinait auparavant pour t’engager ? Qu’est-ce qui t’a fait choisir YAKA spécifiquement ?
 Ce qui me freinait avant YAKA, c’était l’idée de devoir socialiser et devoir me confronter à des personnes que je ne connaissais pas, et dont la plupart n’ont pas grand-chose en commun avec moi. En plus, j’estimais que j’étais illégitime à m’engager dans une association car j’estimais ne pas avoir assez de connaissances pour cela. Par exemple, je voulais m’engager dans les jardins partagés à Paris mais j’avais peur de devoir trouver des sujets de discussion avec les différent.e.s participant.e.s et je ne pensais pas y avoir ma place puisque je connais très peu sur le jardinage.
Ce qui m’a attirée chez Yaka, c’est que l’objectif spécifique de la structure était de pousser les jeunes à s’engager, alors je me suis dit que j’allais y apprendre comment m’engager dans ces associations que je rêvais de rejoindre. Ca me semblait plus accessible, parce que j’allais être entourée de jeunes de mon âge, probablement aux paumé.e.s que moi, et qu’ils n’allaient pas me juger.
  1. Pourquoi as-tu choisi le programme IMPOWER ? Quelles étaient tes attentes ?
Je me suis inscrite un peu sur un coup de tête, parce qu’à ce moment j’avais vraiment besoin de m’ouvrir à autre chose que les études (après deux ans de prépa j’avais un peu besoin de respirer…), de rencontrer des gens et j’avais très envie de voyager sans avoir ni les moyens ni l’audace. Je ne me rappelle pas vraiment quelles étaient mes attentes, parce que j’étais surtout préoccupée par ma peur de devoir aller toutes les semaines aux ateliers alors que ma phobie sociale me criait de rester seule à la maison. Je ne sais pas ce qui m’a poussée à quand même y aller toutes les semaines, peut-être qu’au fond je sentais que ça me faisait profondément du bien.
  1. Comment as-tu vécu la première phase du programme « oser rêver » ? Quelles difficultés as-tu rencontré ?
D’un côté, la première phase était très difficile (à cause de mes difficultés sociales) et parfois je n’allais pas aux ateliers par peur, mais elle m’a vraiment beaucoup motivée à m’engager, puisqu’à chaque atelier on parlait de sujets qui m’intéressaient beaucoup, et comme à chaque fois que j’entends parler de sujets de société, quand je ressortais des ateliers j’étais remplie de nouveau de cette énergie qui me donne envie de m’engager et tout changer. Je pense que ces moments de sociabilité me faisaient du bien, quand j’avais le courage d’y aller et de m’exprimer à l’oral.
J’ai eu des difficultés aussi à m’exprimer en public et surtout de me trouver légitime à participer au programme, parce que j’avais l’impression que les autres jeunes étaient bien plus impressionnants et méritants que moi. Je ne comprenais pas pourquoi les staffs avaient accepté mon dossier de candidature pour le programme.
  1. Comment pressentais-tu la phase 2 « oser bouger » avant le départ ? Pourquoi ?
 Etant donné le niveau de stress dans lequel j’étais avant chaque atelier de trois heures tous les samedis, je te laisse t’imaginer l’état dans lequel j’étais avant de devoir partir 5 semaines en pays étranger avec les autres lauréats… Je ne suis venue à aucun des ateliers le mois avant le voyage, parce que j’avais décidé de trouver une excuse de dernier moment pour ne pas partir, comme je faisais souvent dès que j’avais rendez-vous avec quelqu’un quand j’étais phobique sociale.
Ce qui m’a poussé à transcender ma peur et partir, c’est que je m’étais engagée auprès de Yaka pour partir et que j’en avais parlé partout autour de moi, donc je ne voulais décevoir personne.
  1. Comment s’est passé le début de l’expérience d’immersion au Sénégal ?
 Au début, j’étais muette et transparente. Je ne parlais pas, j’avais super peur. Les premières réunions avec les lauréats, je les ai passées à écouter sans rien dire. Quand les lauréats ont commencé à me demander ce que j’en pensais etc. je sortais 2-3 mots, mais seulement pour dire que tout allait bien pour moi ou que je n’avais rien à dire. Je voulais rentrer chez moi au bout du 2e jour. Là où ça a commencé à aller mieux, c’est quand j’ai commencé à me rapprocher de Yanis, un autre lauréat, et après un atelier de Développement Personnel dans lequel on parlait d’échec. Une personne du staff qui s’appelait Amber m’avait demandé de parler d’un échec que j’avais eu dans ma vie et comment je l’avais surmonté, pour illustrer ses propos lors de l’atelier. J’ai parlé de mes difficultés familiales et de ma dépression, et à ma grande surprise j’ai eu des retours très positifs, les gens me soutenaient beaucoup et cela les avait touchés et intéressés, ce qui m’a donnée beaucoup de confiance en moi et en ma parole. Je me suis sentie plus intéressante, moins transparente, et la bienveillance dans laquelle je baignais m’a donné confiance en moi.
  1. Est-ce que tu as perçu un changement notable à l’issue de ce mois et demi ?
Oui : j’ai tout bouleversé dans ma vie. Là où je gardais mes projets à l’état d’idées, j’arrive à passer à l’action. Pour la première fois de ma vie, j’ai réussi à prendre une grosse décision (arrêter mon master) toute seule sans avoir besoin de l’autorisation préalable d’un.e membre de ma famille ; j’arrive à savoir ce que je veux dans ma vie sans me contraindre à correspondre aux attentes d’excellence universitaire de ma famille. J’arrive beaucoup mieux à prendre des décisions, à passer à l’action, à compter sur d’autres personnes pour m’aider. Je demande de l’aide quand j’en ai besoin et je n’hésite plus à parler de mes problèmes aux personnes qui m’entourent. Je suis plus sociable, je m’intéresse davantage aux autres. J’ai très envie de voyager et découvrir plein de choses depuis le voyage ! Vraiment, il ne s’était pas passé autant de choses que ces 6 derniers mois dans ma vie.
  1. Comment ce changement s’est-il opéré ? Y-a-t ’il un moment en particulier qui t’a marqué ? Ou plusieurs ?
Il y a plusieurs moments charnières où le changement s’est opéré :
  • week-end à la Benerie début juillet : Yaka avait organisé un week-end dans une ferme entre lauréats, une semaine avant de partir au Sénégal. Je m’y suis sentie bien, et ça m’a un peu remotivée à partir au Sénégal. Là-bas, j’ai pu parler un peu plus en profondeur avec certaines personnes avec qui j’avais peu parlé auparavant
  • 2e semaine au Sénégal : le moment où j’ai parlé devant tout le monde à l’atelier puis les jours qui ont suivi, où je me suis un peu plus ouverte
  • le retour en France : le retour au stress, aux écrans, à mes relations toxiques avec mon père et mon ex-copain, à ma solitude constante m’ont fait me rendre compte que mon mode de vie en France était très mauvais et j’ai fait un grand ménage dans ma vie
  • vacances de la toussaint : j’ai tout changé dans mon orientation scolaire alors que pesaient sur moi les attentes de ma famille, moi qui était l’”intellectuelle” de la famille et qui devait réussir une carrière universitaire. J’ai décidé de faire ce qui me plaît plutôt que ce qui est valorisé socialement
C’était un changement par étapes, et à chaque étape je me rendais d’un seul coup compte d’une chose sur les autres ou sur moi
  1. Il semble que les profils soient de lauréat soient diversifiés. Penses-tu avoir été enrichie à leur contact ? De manière générale, que penses-tu à ce sujet ?
 Oui, les lauréat.e.s sont tou.te.s très différent.e.s ! On vient de classes sociales, genres, ethnies différents c’était très intéressant de discuter avec elle.eux ! Ce qui nous réunissait tou.te.s, c’était qu’on souhaitait s’engager dans un projet commun, qu’on avait des valeurs et l’envie d’agir mais qu’on savait pas trop comment s’y prendre. En étant confrontée à des gens aussi différents que moi, j’ai appris énormément. J’ai compris que la première barrière qui me séparait des autres et qui faisait que j’avais peur d’eux, c’était mes préjugés sur elleux. Et pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression d’être complètement complémentaire avec un groupe de personnes : j’avais l’impression d’apporter un petit plus au groupe, et qu’à nous tou.te.s on arrivait à accumuler assez de qualités pour que ça fonctionne bien
Par exemple, quand on parlait politique avec trois des lauréats, j’ai pu réfléchir davantage que quand j’en parle avec mes ami.e.s qui ont tou.te.s le même avis que moi à ce niveau-là.
  1. Si tu devais associer ton expérience au Sénégal et avec YAKA (avec les lauréats, la population d’accueil et l’association) avec les 10 valeurs de Schwartz, que dirais-tu ? As-tu eu l’impression que ces valeurs étaient partagées ?
 J’associerais cette expérience avec la stimulation, l’accomplissement, la bienveillance et l’universalisme. Et je me rends compte en répondant à cette questions que c’est exactement les valeurs dans lesquelles je me reconnais !!
Oui, c’était des valeurs largement partagées et c’est sûrement pour cela que le voyage m’a autant enrichie je pense
  1. Que penses-tu de ces mots de Paulo Freire : « être complètement humain est être un acteur social conscient qui a la capacité, le désir et l’opportunité de participer à la vie sociale et politique » ; « l’aliénation de la jeunesse est la séparation du sujet vis-à-vis d’une vocation ontologique de participation humaine active au monde » ?
 Je pense qu’il a complètement raison, on vide totalement les jeunes de leur énergie et de leur propension naturelle à se s’indigner, de leur envie d’agir. On veut toujours faire passer ça pour un trait immature alors que c’est ce qu’il y a de plus humain d’après moi, et j’espère ne jamais perdre cette énergie. Il dit exactement ce que je pense et ressens. Et je pense que si je vais tellement mieux aujourd’hui qu’il y a six mois, c’est parce que je me suis rendu compte que ce qui me rendait heureuse c’était cet engagement dans la vie sociale et politique.
  1. Pour résumer, que t’a offert cette expérience au Sénégal ? Qu’a-t-elle changé pour toi ? (Personnellement, mais aussi au niveau de ta vision du monde, remise en cause de préconceptions ou clichés…) Et plus largement ton expérience avec YAKA ?
 En résumé, ça a achevé de me persuader de faire ce qui me semblait juste et pas ce que les autres attendent de moi (la phrase d’Einstein là-dessus est éclairante : “N’essayez pas d’être une personne qui a du succès ; essayez d’être une personne qui a de la valeur”). Ma peur des autres a largement diminué, parce que je me suis rendu compte que la plupart des gens méritaient que je leur fasse confiance alors que mon premier réflexe était de me méfier. En étant confrontée à la vie très difficile des villageois sérères, j’ai réussi à comprendre ce qu’était la vraie pauvreté, ce qui m’a permis de relativiser ma situation socio-économique (il paraît qu’en ayant un SMIC en France, on fait partie des 8% les plus riches du monde !!). J’ai aussi appris que pas mal des valeurs que j’avais étaient partagées par la plupart des gens que je côtoyais, même au Sénégal. J’ai compris et intégré l’idée que je peux et dois agir pour changer ce qui m’indigne, que je peux avoir un impact sur les pensées et les actes des autres.
C’est beaucoup tout ce que j’ai appris !
  1. Y-a-il des reproches que tu voudrais faire à YAKA ? Des suggestions ?
Il y a eu des petits problèmes de désorganisation, mais je trouve que ça fait vraiment partie du voyage et du processus de sortie de sa zone de confort. Tou.te.s les lauréat.e.s râlaient qu’on leur avait pas prévenu de ci, qu’on ne les avait pas préparé.e.s à ça… j’avais l’impression d’être la seule à penser que ça faisait partie du voyage et des challenges à surmonter ! La seule suggestion que j’aurais, c’est de simplifier le dossier de recrutement : j’ai failli ne pas postuler, car j’étais trop impressionnée par le dossier énorme à remplir et par le fait de devoir avoir autant de référent.e.s. Ca peut démotiver nombre de potentiel.le.s candidat.e.s… !
  1. Nous avons beaucoup parlé du Sénégal et de YAKA. Mais que penses-tu de la situation de la jeunesse en France ? Quels sont problèmes ? Comment améliorer la situation ?
Je pense qu’on est particulièrement oppressé.e.s et délaissé.e.s. D’un côté on nous met la pression en nous rabâchant qu’on est les citoyen.ne.s de demain, qu’il faut qu’on soit bien éduqué.e.s, qu’on prenne soin de notre santé etc mais en même temps on est très peu aidé.e.s sur le plan financier comme psychologique durant nos études. On nous retire, au fur et à mesure, les fines aides qu’on a pour survivre à cette période difficile de la vie, et ça nous prend en étau.
De même, je ressens énormément de mépris envers notre génération. On nous désigne comme des être fragiles (les “snowflakes”) tandis qu’on ne fait que remarquer des comportements problématiques et oppressants (racisme, misogynie, lgbtphobie), cela dérange que les minorités prennent enfin la parole, et en général ce sont de jeunes personnes. On nous reproche d’être peu politisé.e.s alors qu’on l’est très largement, seulement nous nous concentrons sur des problématiques différentes de celles de nos parents.
On est également très largement victimes d’anxiété, de phobies et de dépression. Je peux compter sur les doigts de ma main le nombre de personnes de notre génération que je connais et qui n’ont aucune de ces trois maladies mentales. C’est probablement dû au caractère anxiogène des études et du monde du travail, mais également de l’ensemble des oppressions que subissent les jeunes. Tout cela nous paralyse et nous empêche de nous engager politiquement, de nous mobiliser collectivement, et c’est probablement pour cela que les générations d’avant nous voient comme peu politisé.e.s.
A petite échelle, il est important qu’il existe des programmes comme celui de Yaka, mais il touche si peu de jeunes, ce genre d’initiative devrait être élargie à l’ensemble de la population jeune. De mon côté, j’ai un projet de création d’un réseau d’entraide pour les jeunes qui prennent leur indépendance, choisie ou forcée, afin qu’ils ne se sentent pas seul.e.s et démuni.e.s face à ce moment angoissant de la vie ; mais encore une fois cela n’aura un impact que minime. Il faudrait que les jeunes se révoltent soient collectivement, en menant des actions politiques concrètes (ce que certain.e.s font déjà, notamment en termes de féminisme et d’écologie) mais aussi personnellement, en refusant par exemple d’étudier pour exercer des métiers destructeurs comme trader, marketer, manager, etc.
  1. A présent, comment souhaites tu mettre à contribution ce que tu as appris de toi et du monde ? Que souhaites-tu réaliser lors de la phase 3 « oser agir » ? Pourquoi as-tu décidé de faire un « service civique » auprès de YAKA l’an prochain ? Plus largement, quels sont tes projets, tes choix d’étude, tes choix de vie ?
Tout cela s’est déjà cristallisé, d‘où ma réorientation et mon idée de projet pour la troisième phase. Pour ce qui est du service civique, c’est parce que je souhaitais déjà faire une année de césure l’année dernière, mais une de mes profs a réussi à me convaincre de ne pas la faire pour ne pas “perdre du temps”. Mais si je reviens sur ce choix c’est bien que je sens que ma place est dans ce type d’activité. J’ai choisi Yaka notamment parce que j’ai remarqué que l’ambiance bienveillante me mettait très à l’aise et que l’expérience m’avait considérablement changée. J’avais envie de retrouver ce groupe de gens avec lequel je me sentais bien, et aussi d’apprendre à manier des outils associatifs pour m’en inspirer pour ensuite les utiliser dans mon association et au quotidien dans mes futurs engagements.
  1. Que t’évoquent les mots « youth empowerment and international development » ?
“Youth empowerment” m’inspire bien plus que “international development”. Je me sens bien moins concernée par le développement international, qui me semble un concept flou et sur lequel j’ai assez peu d’influence. Lorsque je suis allée au Sénégal, j’ai davantage vu de jeunes s’émanciper qu’un réel “développement international”. Je crois vraiment que les jeunes doivent s’ “empower” (dommage qu’il n’y ait pas un équivalent français !!), quelque soit l’échelle de leur empowerment. Pour ma part, je me sens plus utile en France, à mon échelle, car même s’il y a beaucoup à faire dans les autres pays, en France et autour de moi aussi il y a énormément à faire, et ça m’est plus accessible.
  1. Si tu devais synthétiser en une phrase ou quelques mots ta « youth story » que dirais-tu ?
Je dirais que je suis partie d’assez loin et que je ne me suis rendu compte du changement qui s’est opéré en moi qu’après coup. Si je suis capable d’un tel changement, la grande majorité des jeunes en sont aussi capables, mais ce qu’il manque c’est les moyens.