Discours de Mamadou Sall en avril 2014 sur la bibliothèque de Nianiar & son impact

Construction bibli

Depuis 2014, YES Akademia séjourne parmi nous, dans notre modeste village de Nianiar. Son arrivée, qui, intriguait au départ, s’est avérée bénéfique pour, non seulement pour la jeunesse de Nianiar, mais aussi pour celles des villages environnants, Soussane et Mbourokh.

YES Akademia continue de poser des jalons importants pour les populations des villages précités. Sur le plan social, en raffermissant davantage les relations entre les jeunes de Nianiar mais aussi entre les jeunes de Nianiar et celles des villages proches (Mbourokh et Soussane). Par ailleurs, des projets importants sont annoncés, parmi lesquels celui l’implantation d’une bibliothèque, objet de ma présence aujourd’hui, devant votre auguste assemblée.

Une bibliothèque est définie dans le dictionnaire, « comme une pièce ou un édifice où sont conservés des livres mis à la disposition du public. »

Mais quel impact pourrait avoir ce joyau sur nos populations? Qui parle de livres pense à la lecture. Nous savons que la lecture est la base de notre enseignement, pour ne pas dire tout enseignement. Avec le fameux système de la « Goana » (politique consistant à massifier le cours moyen), c’est-à-dire que des élèves peuvent accéder au Cm2 sans pouvoir lire, Ce qui a pour conséquence, l’abandon prématuré de ces élèves en cours ou en fin d’année scolaire. En collaboration avec les enseignants sur place, la bibliothèque pourrait être une solution à ce problème et aider à relever le niveau des élèves, et limiter les déperditions  ou son éradication. Cela ne sera possible que si les collègues enseignants sur place étaient associés à la gestion, la marche en un mot à la vie de la bibliothèque. Ils auront pour tâche de sensibiliser les « chérubins, qui sont vos jeunes frères et sœurs à la lecture.

En plus des livres, vous aurez aussi des journaux, revues, et autres documentaires  ayant trait à l’histoire du village. Les femmes qui n’ont jamais eu la chance d’aller à l’école, devraient y trouver une chance d’apprendre à lire et écrire. Les jeunes pourraient se livrer à des jeux, tels que la belotte, le jeu de dames, du « yooté » …

Seulement, à l’heure de la civilisation du numérique, vous rêvez tous d’internet dans vos villages, nous espérons que le courant sera là bientôt. Je prône l’ouverture au monde bien sûr; la mondialisation nous l’impose, mais c’est un couteau à double tranchant, il faudrait très vigilant quant à l’utilisation saine de l’outil internet en créant des pare feux. Mais la présence NTIC ne devrait faire passer la lecture au second plan. Et c’est à vous jeunes du village qu’incombera cette surveillance.

Nianiar ne bénéficiant d’aucune infrastructure, il serait plus intéressant que la future bibliothèque soit un centre de lecture et d’animation culturelle, comme il en existe déjà plusieurs dans d’autres villes du Sénégal. Nianiar serait un des rares villages à en bénéficier.

Des adultes pourraient y être invités, pour raconter aux tout petits des histoires venant de notre patrimoine traditionnel.

Mes chers enfants, rappelez vous la célèbre phrase de Ahmadou Hampâté Ba qui disait: » En Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brule ». Ces Vieillards vous raconteront l’histoire votre patelins, qui étaient les premiers habitants, les différents chefs de village qui se sont succédés à la tête de vos différents villages. Ces présentations seront enregistrées gardées dans des archives pour les générations futures. Les étrangers qui visiteront Nianiar pourraient mieux connaître comment le village a été crée. Encore que si vous allez au siège de la communauté rurale, vous y pourriez y trouver une partie de ces enseignements.

Ces adultes détiennent un répertoire très riche de notre folklore. Des danses comme le « Mbalam et le Ndioup, qu’on ne voit plus sur nos scènes alors qu’il y a des gens encore vivants qui sont là pour les faire revivre, je veux parler de père Ndiouma Sene, de Père Couly Sène et même de M. Gilbert Condy Sène, enseignant à Nianiar, et aussi l’homme qui a accueilli YES Akademia avec sa sœur Marie Louise Khadioum Sene, qui est un excellent chanteur. Les jeunes en charge de la bibliothèque, gagnerait à les côtoyer pour connaître ces répertoires. Ces chansons pourraient être enseignées aux élèves à l’école élémentaire. Ils pourraient être initiés au théâtre. Nous avons surement des acteurs et actrices en herbe parmi les jeunes qui fréquentent l’école élémentaire. Il faudrait trouver de bons encadreurs stimuler les talents qui dorment en en eux , et c’est très proche de la philosophie YAKA, cela. Il y a des gens comme Ndakhmane, le frère aîné de Gilbert Condy Sène…

J’avais parlé à l’entame de mon propos des femmes, dans le cadre des activités de la bibliothèque, on pourrait initier des causeries sur la santé de la reproduction, sur l’hygiène de l’environnement, les GIE ( groupement d’intérêt économique), il suffit de trouver les personnes ressources.

Chers enfants, avoir une bibliothèque est une chose, en assurer la gestion, en est une autre. Vous n’oubliez pas d’associer vos camarades qui n’ont pas eu la chance comme la plupart d’entre vous d’aller étudier en ville, à la gestion de la bibliothèque. Vos camarades de Yoff, dont je salue ici, l’aide considérable qu’ils vous ont apportée à l’équipement de la bibliothèque. Ils auraient pu avoir l’attitude que beaucoup de citadins ont envers les campagnards ( Kaw kaw) que vous êtes, mais ils vous ont toujours accueillis à bras ouverts comme des frères. Ils ont sur vous l’avantage d’avoir créé une bibliothèque très longtemps avant que vous même n’y avez pensé. Continuez à les côtoyer, ils vous seront très utile. La future bibliothèque devrait être ouverte à tous, Nianiar, Mbourokh, Sousane et autres, Louli. Il participera au raffermissement des liens entre vous. Et ceci encore une fois nous le devons à YAKA.

Je ne saurais terminer sans rendre un vibrant hommage à M. Younousse Diallo, coordonnateur émérite, infatigable de YES Akademia au Senegal. Voilà quelqu’un qui a servi son pays pendant plus de quatre décennies, et qui, au lieu de rester à Thiès, chez lui, à jouir d’une retraite paisible au sein de sa famille, se rend dans des villages reculés, enclavés, à l’image de Nianiar, aider des jeunes des Sénégal et d’ailleurs à échanger avec les jeunes. Cet homme brave les intempéries, des routes sinueuses et ce, en toutes saisons. Il mérite nos applaudissements. Vous avez chers enfants, un père clairvoyant, pédagogues, pieux, et sage. Je vous recommande de lui  faciliter la tache.

Vive YES Akademia, et merci Louise Huang et ses partenaires ! Votre nom sera à jamais gravé à Nianiar et à la bibliothèque de Nianiar. Nous espérons vous voir un jour en personne ici, à pour vous exprimer toute notre éternelle gratitude. 

Ci-dessous quelques photos des livres récoltés depuis 2014 et la bibliothèque sous construction (prévue d’être finalisée l’été 2017).

livres

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Trou biblio

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